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Tit bangers
DMontélimar. Deux pervenches prenaient racine. Les quatzarts avaient fait les choses comme il faut Quand la canaille crie haro sur le baudet Mchass de sa tabl', oui mais, d'sa tabl', moi j'm'en fous Naturel à ma ptit sœur, Cest pas demain la veille, bon Dieu Jentendis le roulement d’une voiture qui s’approchait. Car je préfère ma foi, Dlaccordéon Cest la guerr de quatorz'-dix-huit De la croix où ils sont perchés Le temps aux plus belles choses Y a des copains au, au bois dmon cœur Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1958 Il est des filles à Grenade Cest en regardant son fils vivre et grandir que Nikolaï perdit lhabitude de revenir, en pensée, dans le monde d'avant. Car Pavel était heureux. Il marchait au milieu d'une colonne d'enfants de son âge, entonnait des chansons à la gloire des courageux révolutionnaires et même, un jour, apporta de l'école cette photo: sa classe, deux rangs debout, un rang assis, le clairon et le tambour en avant, un genou à terre, tous fiers de porter des foulards rouges de pionniers, et derrière eux, sur une large bande de calicot, ces mots peints en lettres blanches: Merci au camarade Staline pour notre enfance heureuse! En parlant avec son fils, Nikolaï comprenait qu'il y avait du vrai dans cette inscription stupide. L'enfant croyait vraiment que l'Armée rouge était la plus belle et la plus forte au monde, que les travailleurs de tous les pays n'aspiraient qu'à vivre comme les gens de Dolchanka, qu'il existait quelque part à Moscou ce mystérieux Kremlin surmonté d'étoiles rouges où vivait celui qui, de jour comme de nuit, pensait à chaque habitant de leur immense pays, prenait des décisions toujours justes et sages, démasquait les ennemis. Pavel savait aussi que son père était un héros car il avait combattu les Blancs, ces mêmes Blancs qui avaient mutilé sa mère. Il détestait les koulaks et disait, en répétant les récits de ses manuels, que c'étaient des buveurs de sang. Un jour, en feuilletant le manuel d'histoire de son fils, Nikolaï tomba sur le portrait d'un chef d'armée qu'il avait rencontré pendant la guerre civile. Le visage du militaire était soigneusement rayé à l'encre. Il venait d'être déclaré ennemi du peuple. À travers tout le pays, pensait Nikolaï, dans des milliers et des milliers d'écoles des millions d'élèves empoignaient leur stylo et, après une brève explication du professeur, maculaient ces yeux, ce front, cette moustache aux pointes en pique….